Back to civilisation buddies,
Siège de toilette, ventilateur, asphalte, Frigidaire, tant de choses dont nous avions oublié l’existence. Nous revoilà, chers amis /parents/ blondes-chums / belle-mère et animaux de compagnie, de retour à la civilisation Bamakoise. Nous qui nous nous étions faits à la vie campagnarde malienne.
Vous le constaterez à la vue des diapo-show auxquels vous aurez droit, à notre retour, nous avons été accueillis au village par le Diable en personne, et le Diable, aussi appelé au village konocolo : il a une de ces danses infernales. Par le Diable, mais aussi par le village entier : des danseurs, des tamtams et une marée d’enfants. En gros, c’était noir de monde!
Ces d’ailleurs là que nous auront été rebaptisé par des noms plus « faciles » à comprendre… Voir photo ci-bas!
Derrière: Seydou (directeur de l'AMPJ), Brehima (Cédric), Alassane (accompagnateur AMPJ) et Mary dit Jaora (Gabriel)
Devant: Awa (Véronique), Korotimi (Myriam), Djeneba (Mélanie), Salimata (Mélissa) et Baba (responsable des stages)
S’en suivit une semaine d’adaptation et d’accoutumance extrême, un choc culturel qui nous aura d’ailleurs fait perdre l’une des nôtres : Natasha, petite, tu nous manques!
La plus grande adaptation fut celle de la vie au village, et surtout en famille. Avant même notre arrivée sept familles avaient été sélectionnées dans le village pour accueillir ces chers toubabous (blancs). Notre partenaire malien, l’AMPJ, avait fait en sorte qu’ils soient prêts à recevoir nos personnes avides de confort.
Ainsi, à notre arrivée nous avons été surpris de l’aisance de nos quartiers : une case individuelle pour notre intimité, une latrine propre et, pour quelques-uns, privée, une base de lit en bois et une petite table de chevet. Avec nos matelas de mousse, on était en affaire! La case en terre et toit de paille permet de garder une relative fraîcheur à l’intérieur (sauf pour cette pauvre Véro, avec son toit en tôle elle dort dans un fourneau!).
La hutte, du côté gauche, est le logis de Gabriel
Nos familles s’occupent vraiment bien de nous, ils veulent qu’on se sente à l’aise. Un peu trop, parfois, surtout pour la quantité de nourriture qu’on ingurgite : c’est jamais assez pour eux, surtout quand on est malade! Les membres de la famille sont très curieux, on est donc le centre de l’attention de nos familles nombreuses composées du père et de ses femmes, de tous leurs enfants, parfois des grands-parents, parfois des frères et sœurs du père… et de tout autre personne reliée ou non. C’est assez compliqué de s’y retrouver!
La famille (enfin, une partie...) de Mélissa
La barrière de la langue limite énormément nos communications, mais on se débrouille pour se faire comprendre. Certains arrivent même à aborder des sujets plus poussés (indépendance du Québec, système solaire, etc). Même avec un vocabulaire limité, les villageois sont vraiment heureux de nous entendre parler Bambara, juste les salutations les contentent. En fait, celles-ci sont les plus importantes, on doit les utiliser 100 fois par jour au moins! Chaque personne croisée doit être saluée, et ce n’est pas seulement un « Salut, ça va? », on s’informe aussi de ta famille et de ta santé!
Chaque famille possède un bout de terrain avec un amas de huttes diverses qui forme un mini village en lui-même. En se promenant dans le village, on croise donc ces petits amas un peu partout, parfois rapprochés, parfois éloignés. Le village est donc assez vaste et séparé en plusieurs « quartiers ». Il y a même des différences de langages entre les quartiers! Le village est bordé par le fleuve Niger, véritable source de vie pour le Mali (il le traverse d’ouest en est). On aimerait bien pouvoir s’y baigner pour se rafraîchir un peu, mais il est hors de portée, pour des raisons sanitaires. Too bad, on va s’asseoir tout près afin de profiter de la fraîcheur de l’air, au moins!
Pour ce qui est du projet, la première étape était de déterminer les emplacements des fosses. Nous devions choisir, avec les villageois, des endroits près des champs, des familles d’accueil, mais aussi des puits pour les humidifier. Nous devions aussi délimiter les contours pour mieux creuser selon les dimensions. Ce sont donc sept fosses de 3m x 2m x 1m de profondeur.
Alors à l’attaque avec nos pèles, pioches, daba (petite bèche) et brouettes. Sous le soleil qui tape croyez nous, des toubabous… ce n’est pas efficace longtemps! En fait, ce sont les villageois qui creusent. Comme c’est leur fosse et que ce sera à eux de s’en occuper par la suite ils doivent donc donner les efforts pour les faire. De toute façon on prend une pèle et 3 minutes après on nous l’enlève des mains : on est plus utile à faire le thé! Notre présence est tout de même importante, parce que le fait de nous être déplacé d’aussi loin pour venir les aider, le projet prend une toute autre forme et beaucoup d’ampleur.
La première fosse, celle de la famille de Myriam
Ensuite le remplissage! En de belles couches nous devons mettre : résidus de récolte (paille), bagan bo (excréments d’animaux ou fumier), résidus domestique comme les écailles d’arachides et, finalement, terre noire. Arroser le tout, couvrir d’un plastique, laisser mijoter et reposer. Plus tard brasser le contenu, laisser encore reposer et nous avons du bon compost! Mais le brassage… attache ta tuque (quoi que ici ce n’est pas trop nécessaire!) On enlève la moitié de ce qu’il y a dans la fosse, on mélange l’autre et on remet la première moitié. Facile à écrire, mais vraiment difficile à faire avec la chaleur et quelques sympathiques odeurs qui nous montent au nez (souvenez-vous du bagan bo)…
Côté sensibilisation, nous avons fait une mini pièce de théâtre pour expliquer aux familles et aux villageois avec quoi remplir les fosses et dire que c’est l’affaire de tous. En gros on leur a montré le mode d’emploi, en faisant bien rire de nous! Myriam était fabuleuse en fosse et Cédric a fait une vache… à si méprendre! Véro a dû le remplacer à un moment et apparemment, elle a des talents d’imitation de vache! Et tout ce beau théâtre était en bambara, heureusement une vache a un cri universel. On a aussi fait jouer les enfants en leur donnant différents objets qu’ils devaient classer en`` bon ou mauvais`` pour la fosse.
Véro et Mélanie jouaient les agricultrices jetant les résidus de récoltes dans la fosse, personnifiée par Myriam
Pour la prochaine partie du stage, il reste à retourner les fosses et à faire la sensibilisation sur les changements climatiques et sur l’agriculture biologique. Aussi, on devrait « r’niper » l’école, refaire le toit, faire le crépissage et d’autres petits travaux. Nous allons également planter quelques arbres pour délimiter la zone de l’école.
Bien que nous nous impliquions au quotidien sur le projet, nous devons suivre le rythme et les disponibilités des villageois pour les travaux demandant des aptitudes physiques. Alors, comme mercredi c’est la journée réservée au marché, nous prenons congé et participons à cette activité hebdomadaire et essentielle à la vie du village. Le marché se trouve à Dangassa, un village à 2 kilomètres du notre, où se trouve aussi le dispensaire et une école où le 2e cycle est enseigné (au village, le 1er seulement l’est). Le trajet aller-retour sur la route en terre rouge et cuisante est la partie la plus difficile de cette sortie, mais cette petite promenade nous permet de croiser en chemin des membres de nos familles d’accueil qui sont partis vendre les produits de leurs récoltes, cueillette, chasse et pêche, et acheter du même coup des biens essentiels et alimentaires pour la semaine.
En arrivant à Dangassa, sur la route en terre rouge
Au marché, les kiosques rudimentaires se suivent mais ne se ressemblent pas, car les vendeurs de tissus, de viandes à la mouches, de bijoux, de lampes de poche, de beignets frits, de pots en terre cuite et de fruits se succèdent dans ce qui ressemble à un désordre à nos yeux d’occidentaux. Un mélange d’odeurs, de couleurs, de textures et de goûts nous entoure en plus d’être accompagné par les cris des poulets prêts à être vendus vivants. Bien qu’il y ait beaucoup de monde en un seul et même endroit sous cette chaleur accablante, ce marché est beaucoup moins imposant et agressant que celui de Bamako (où Mélissa évite d’y flâner inutilement). Comme nous sommes souvent les seuls toubabous en vu, les vendeurs essaient par tous les moyens d’attirer notre attention pour nous vendre leur butin, même jusqu’à nous offrir à la gente féminine des centaines de chameaux et d’être leur (énième) épouse!
Mais tous ces désagréments valent le coût lorsque nous dénichons de beaux tissus colorés, des bracelets aux mille et une perles et des Coca-cola froids à emporter avec nous… ou à boire sur le chemin du retour. Chaque semaine c’est un rendez-vous à ne pas manquer, car on ne sait jamais sur quoi nous allons tomber!
Depuis que nous sommes arrivés au Mali, nous nous faisons répéter que nous sommes ici chez nous. On a donc décidé d’importer la Saint-Jean et de célébrer avec tout le village. Au programme : des jeux pour les jeunes et moins jeunes, des plats québécois revisités à la sauce malienne et une soirée dansante avec un gros feu de paille (le bois étant une denrée rare et essentielle puisqu’ils cuisinent sur le feu). Le clou de la soirée fut le hockey bottines avec minis bâtons et balle de tennis. Voir nos pères et/ou mères d’accueil analyser ce jeu, se faire des passes et arrêter des buts était très divertissant. La chaise musicale, une fois le fonctionnement compris, a aussi été bien populaire.
Nos parents jouant au Hockey: vraiment hilarant!
Pour l’occasion, nos familles ont commandé des habits au tailleur du village. Depuis ce jour, notre nom de groupe est « les Poissons en pyjamas ». Nous avons été touchés par cette belle attention et ça nous fait un beau souvenir à rapporter au Québec. Même Alassane, notre accompagnateur AMPJ sur le terrain, a eu droit à son habit pour l’occasion.
Les filles devant le feu de la St-Jean, tout de poissons vêtues
Myriam a la mort d’une poule sur la conscience depuis ce fameux 24 juin, puisque sa famille en a tué une pour l’occasion. En deux repas, elle a engloutie la poule au complet!!! Quand on dit que nous sommes accueillis comme des rois et des reines, ce n’est pas un mensonge. Il n’y a rien de trop beau pour rendre les hôtes heureux et s’assurer qu’ils passent un séjour inoubliable.
Bref, la Saint-Jean fut une belle journée qui a fini sur des airs de techno-africain (ainsi qu’une petite place pour Jean Leloup, la Compagnie Créole et Vincent Vallières!) et des grands éclats de rire en regardant les toubabous danser… ou quelque chose qui ressemble vaguement à de la danse.
Cela a très bien conclu la première moitié de notre stage, et nous avons bien hâte de débuter notre seconde moitié! Vous aurez plus de nouvelles de nous dans un mois… à moins qu’on soit devenu maliens et qu’on vous ait oublié!
Makono, nous revoilà!
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