Toute l'équipe le jour du départ, à l'AMPJ
Bonjour chers parents et amis, mais surtout au revoir!
Eh oui, il est déjà temps de se dire au revoir, car notre séjour en terre malienne tire à sa fin. Mais avant de clore ce blog, laissez-nous vous raconter notre seconde moitié de stage à Makono…
Le retour au village s’est fait dans la joie. Notre petite pause bamakoise nous avait revigorés et nous étions d’attaque pour poursuivre notre mandat. Et quelle attaque ce fut! Des notre arrivée nous sommes sauté pieds joints dans la préparation de notre seconde formation, beaucoup plus évoluée que la première!
En quelques jours, grâce au travail de chacun des stagiaires (et de notre cher accompagnateur) nous avons mis sur pied une formation sur les changements climatiques et leur impact autant sur la planète que sur la vie des villageois.
Nous y avons mis le paquet : présentation visuelle avec divers tableaux, texte en bambara, pièce de théâtre avec déguisements… Ce fut franchement amusant à réaliser! Par contre, le déguisement commençait à nous peser à la fin des représentations : Cédric, Mélissa et Gabriel devaient jouer le rôle de maliens… en se beurrant le visage avec de la cendre! La réaction des villageois en valait cependant la chandelle…
Gabriel, Cédric et Mélissa dans leur rôle
Cette formation était en quelque sorte une introduction au dernier sujet que nous allions aborder : l’agriculture biologique. En effet, ce type d’agriculture permet de lutter contre les effets néfastes des changements climatiques.
Cette dernière formation a été à plus petit déploiement, mais tout de même très efficace : une pièce de théâtre démontrait les désavantages de l’agriculture utilisant des produits chimiques en les mettant en parallèle avec les avantages de l’agriculture biologique.
Côté contenant, nous avions un beau décor représentant deux champs (un bio et l’autre non) avec comme personnages principaux des agriculteurs et… des vers de terre! Chaque couple avantage/désavantage était accompagné de son explication en Bambara, et à la fin de la représentation nous posions des questions au public afin de vérifier la compréhension.
Myriam, Mélissa (ver #1), Gabriel (ver #2) et Véronique à l'oeuvre
Somme toute, notre travail s’est amélioré de formation en formation en s’adaptant à nos observations précédentes. Un beau travail d’équipe!
En parallèle à cette seconde formation nous avons également contribué à la réalisation du FAC, le Fond d’appui à la communauté, un financement venant avec les projets QSF et servant à réaliser un projet propre à la communauté. À Makono, les villageois avaient décidé d’utiliser cet argent pour rénover l’école du village. Cependant, comme le projet portait sur l’environnement, l’AMPJ avait insisté pour y intégrer un autre aspect : la plantation d’arbres.
Ainsi, nous avons planté, avec l’aide des villageois, 99 arbres sur le terrain de l’école. Celui-ci était presque totalement dépourvu d’arbres, donc de l’ombrage bienfaiteur si important ici. La saison des pluies qui s’était installée était le moment idéal pour réaliser la plantation. Les jeunes pousses ayant besoin de beaucoup d’eau, il aurait été très difficile, voir impossible, de tenir les plants à un bon taux d’humidité. La pluie fréquente des mois de juillet et d’août saura donc donner un bon départ à ces nouvelles pousses.
Le premier arbre, planté par le chef du village et Alassane (et le premier à mourir, faute des termites!)
Notre implication fut plus limitée pour la rénovation de l’école, les tâches concrètes étant trop dangereuses pour nous. Ainsi, nous nous sommes limité à transporter une quarantaine de briques de la mosquée jusqu’à l’école. Ce fut Alassane et Gabriel qui eurent le plus de travail, en allant chercher les matériaux de construction et en négociant avec le maçon et les villageois. Pas qu’une mince tâche : quand il est question d’argent (et du monde de la construction), ici comme au Québec, ça amène bien des tracas!
À notre départ, le toit de l’école avait été réparé. Il en avait bien besoin, la charpente était brisée par endroits et risquait de nous tomber sur la tête à tout moment. Le reste du travail devait débuter le jour de notre départ, soit le crépissage de la façade donnant sur la route. En plus d’ajouter au côté esthétique, le crépissage (mince couche de béton sur les murs) permet de protéger les briques contre les éléments… et les hommes!
On voit bien que la charpente a besoin d'être réparée
Le toit réparé, le jour précédent notre départ
Hors projet
Durant notre séjour, nous avons eu la chance de célébrer l’anniversaire de naissance de deux de nos comparses : Mélanie et Gabriel. Malgré les moyens quelque peu limités au village, je crois que la première fêtée fut très surprise et enchantée de sa soirée : radio branchée à une batterie d’auto et musique de son choix; son repas préféré préparé par toutes nos mères d’accueil (hot-chicken et patates frites avec ketchup); coli du Canada et biscuits préférés comme cadeau; chandelles (et éclairs!) comme ambiance et, la touche finale, le thé malien préparé par nul autre que par Gabriel.
L’anniversaire du second fêté coïncidait avec la journée de notre retour à Bamako. Gâteaux mousse au chocolat, à l’ananas et boule au chocolat décadent constituait le gâteau d’anniversaire (mais sans bougies !). Nous avons poursuivit notre élan de gourmandise le soir même au resto avec des hambourgeois et frites, bières et Coca-cola froids, sandwich libanais, crème glacée et délicieux sorbets.
Le fêté qui liche son couteau...
Outre les anniversaires, il y a également eu quelques mariages au village… n’impliquant aucun stagiaire, bien sûr! Nous tenons à souligner leur présence car, lorsqu’un mariage a lieu, ça met de la vie au village. La famille élargie au complet se déplace au village pour l’occasion, rendant les maisons et rues entourant la famille en question plutôt animées. Dans les deux dernières semaines de notre séjour au village, pas moins de trois mariages ont eu lieu, dans les familles de Mélissa, de Gabriel et de Myriam.
Grands moments de festivités, les mariages traditionnels durent environ trois jours, durant lesquels danses et célébrations se succèdent. Cependant, certains traits culturels maliens ont été pour nous choquant, réduisant notre plaisir à assister à ces célébrations. Il s’agit surtout du statut de la femme. Dans cette société polygame, l’homme a tous les droits. Souvent, le premier mariage est arrangé par la famille. Par la suite, le mari choisit sa prochaine femme, qui n’a pas le droit de refuser. La réaction de la femme relève souvent plus de la tristesse que de la joie à l’approche d’un mariage : une fois la mariée était inconsolable face à son mariage prochain, et une autre fois la première femme acceptait très mal la venue d’une seconde…
Le grand départ
Le jour du départ du village fut très émotif. Très peu de mots furent dits; personne ne s’en sentait capable. L’envi de retourner chez nous, au Canada, était bien sûr grand après deux mois passés loin de proches. Cependant, notre départ marquait la fin de nombreuses relations tissées au cours des dernières semaines, et c’est ce qui rendait celui-ci si difficile autant pour nous que pour nos familles d’accueil.
Dans les deux derniers mois, nous avions vu évoluer notre nouveau milieu au rythme de la saison des pluies. Les villageois se rendaient de plus en plus souvent aux champs. Le niveau du fleuve augmentait de pluie en pluie. Le paysage se verdissait constamment. Les champs de proximité, entourant les maisons, étaient semés et poussaient à vue d’œil.
L'entrée de la maison de Mélissa en début de séjour
Le maïs pousse vite!
Au-delà de cette évolution physique, il y également eu une évolution personnelle, une adaptation des deux côtés. Les familles se sont habituées à notre présence et à nos particularités. De notre côté, nous avons su prendre notre place dans ce nouveau milieu et réaliser de belles choses avec la communauté.
Au matin du 1er août dernier, il était difficile de croire que tout cela allait prendre fin. Avec un dernier regard à ce qui avait été, pour les deux derniers mois, notre chez-nous, nous avons prit la route de Bamako.
En attendant le retour
Les quelques jours restant à Bamako avant notre vol de retour au Québec furent passés à relaxer et à boucler nos bagages. Il nous restait cependant deux activités à réaliser avant le départ. La première fut la visite du village de Sanankoroba, très connu du milieu de la coopération au Québec pour leur partenariat de 25 ans avec la municipalité de St-Élisabeth.
Le groupe écoutait avec attention le représentant du Benkadi
Nous avons été accueilli par des gens de la communauté et de l’association de développement local, le Benkadi (« bonne entente » en Bambara), qui nous ont entretenu sur la naissance du partenariat en question, de leur mode de fonctionnement et de leurs réalisations jusqu’à ce jour. Nous avons ensuite fait la visite du « Village SOS » (sorte d’orphelinat, mais en mieux), de la radio communautaire, de l’atelier de soudure et de l’atelier-boutique de bogolan (tissu typique). Bref, ces habitants ont su faire de grandes choses avec peu de moyens : un exemple inspirant pour tous.
La seconde activité était la visite de l’ambassade du Canada à Bamako. Comme nous n’avions pu prévoir un entretien officiel, nous nous sommes présentés en personne lors de notre dernier après-midi au Mali. Nous avons cependant eu la chance de rencontrer le consul, une gentille dame provenant de Québec. Lors de notre entretien qui a duré une bonne demi-heure, nous en avons appris beaucoup sur les activités de l’ambassade et sur le rôle du consul. Une visite très intéressante!
Suite à cette visite, nous nous sommes rendus aux bureaux de l’AMPJ. Là, on nous avait préparé une petite activité de remerciement et d’adieu. Le retour à la villa se fit avec les papas de Cédric et de Myriam, qui étaient venus du village afin de nous accompagner jusqu’à l’aéroport. En soirée, entre la préparation de deux bagages, nous avons tenté de réaliser une épluchette de blé d’inde, aux résultats malheureusement mitigés (les grains de maïs étaient un peu trop durs).
C’est de bonne humeur que nous sommes partis pour l’aéroport. Cette fois, le désir de rentrer était plus grand que la tristesse de partir!
Seydou, directeur de l'AMPJ, nous a accompagné jusqu'au départ
***
Cela conclu notre séjour au Mali. Merci à tous d’avoir suivi nos aventures ici et de nous avoir encouragé (monétairement ou en personne). Les prochaines nouvelles, elles seront données en personne!
Kanben soni!
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